jacklepirate

Reprenons.

J'suis seul, dans une foret allemande, aux alentours de 20h (ouais parce qu'en plus, mon portable avait plus de batterie, joie), risquant de me faire bouffer par des écureuils. Et je marche. Je marche en essayant de suivre la route par où je suis passé, mais à un moment le chemin dans la foret change de sens et ça m'oblige à rentrer en profondeur dans cet amas de verdure obscur. La foret était tellement grosse pour moi que j'croyais au bout d'un moment que la lumière au bout n'était là que par pur sadisme.

Et là, lumière atteinte, j'arrive ENFIN à sortir de la foret. Joie et allégresse s'empare de mon petit corps, je me retrouve au beau milieu d'un champ de maïs. Bon, c'est toujours plus éclairé qu'avant. Sauf que... J'sais absolument pas où je suis. Au vu de la chose, j'dois être dans une petite ville... Cool. Je vagabonde dans cette ville, quasi deserte, où j'arrive à apercevoir un arret de bus... Sans plan. Et merde. Alors je re-marche, j'arrive à en trouver un AVEC PLAN et j'essaye de m'orienter.

"Bon, Neuried, c'est quoi cette merdasse encore ?"

Alors bon, j'choisis arbitrairement d'aller tout droit, si j'me trompe j'verrais ça au panneau suivant...

Et HAHA ! J'tombe sur une intersection qui me dit quelquechose. Je suis donc mon instinct, je maaaaaaaaaaarche, et là j'aperçois un panneau libérateur :

Strasbourg - 21 km
Kehl - 15km

Bon. C'est loin, mais au moins je sais ou j'dois aller. Et donc je remarche. Beaucoup. Je suis les panneaux (merci, big up aux panneaux de circulation pour les cyclistes), je remercie les gens qui passent en voiture car grâce à leurs phares ils m'illuminent la route (il arrivait parfois ou je marchais sans savoir où je mettais les pieds, enfin bref). Et donc, j'arrive vers Kehl. Ma tête de fémur droite risque de lâcher à n'importe quel moment désormais, mon orteil de mon pied gauche a une cloque immeeeeeeense, le droit le suit de près... Et je boite. Yeah. J'en suis arrivé à un point où je m'assois à peu près toutes les dix minutes, en étant complétement désœuvré ("putain mais j'arriverais jamais à sortir de ce pays d'merde").

Et j'arrive à Kehl. Et la route qu'on m'a indiquée me fait longer le Rhin (normal, si on veut rejoindre Strasbourg) et... J'tombe sur un monsieur et une madame en train de faire "la chose", "la bête à deux dos", "la sieste albanaise", enfin, vous m'avez compris.

Joie, festivités et feux d'artifices dans ma tete, je passe le pont de l'Europe, donc la frontière franco-allemande. J'suis de retour dans ma contrée ! Mais il est environ 2h-2h30 du matin, et donc plus grand chose... Alors je continue de marcher. J'essaye de rentrer chez moi à pied, et au hasard de mes déambulations, je tombe sur un arrêt desservi par une ligne de nuit, et qui passe pile devant chez moi. Elle passe à 3h. Je regarde l'horloge qu'il y a dans les stations... 2h55. YEAH ! Alors j'attends. Le bus arrive, j'prends mon ticket (ouais parce que ça donne envie de respecter les lois après tout ce que j'ai fait là), et il me ramène devant chez moi.

Une fois chez moi, j'ai pris un bain. Et j'ai surkiffé ma race la puissance des bains sur mon organisme. J'suis resté dedans pendant un moment, et j'me suis dit que demain matin, 7h, j'irais chercher ma voiture. (et vu qu'on était dimanche, il risquait pas d'y avoir grand monde...)

Donc, le lendemain, 7h tapantes, j'suis sorti, et j'ai ENCORE marché. Mais moins cette fois. Et cette fois, le chemin, je le connaissais. J'arrive devant ma voiture, j'ai presque eu envie de lui faire un câlin. J'étais si proche de la fin ! Alors j'suis monté dedans, j'suis revenu (heureusement que j'suis venu assez tôt le matin, sinon j'aurais pu avoir les flics aux fesses pour non port de plaques d'immatriculation...) et je l'ai remise devant mon logement du crous, où là elle craint rien, enfin moins que mise n'importe où...

Et le lendemain, j'suis allé faire mes plaques. On dira que ça me servira de leçon pour mon laxisme. J'suis allé voir sur Google Maps en retraçant à peu près mon parcours : 45km. BAM.

Mais venez en Allemagne, c'est cool, y a des Burger King, Europa Park et des autoroutes illimitées !
 

Devant mon non inspiration du moment, je me suis souvenu une aventure qui s'est passée... Fouyouyou, au moins y a 6-7 mois ! Faisons donc un retour dans le passé, prenons la DeLorean, et arrivons en ce jour où j'ai cru être en enfer.

J'étais jeune et bigarré, je venais de passer pour la première fois en Allemagne. Pas de problèmes, pas de douanes/contrôles, etc.
Un samedi, ne sachant que faire, je me suis dit "Hey mais allons en Allemagne ! J'irais flâner à Offenbourg (la ville la plus directe de chez moi) et manger un gouter la bas..." Ouais le gouter est important pour mon organisme.

Bam ! J'allume mon V12, et je me dirige vers la frontière franco-allemande, et... Ah, ça bouchonne. Pourquoi ? Ah, y a un contrôle... Bon. Y a combien de chances pour que ça tombe sur moi de toute façon hein ? Ah... Et merde.

"Gangangahuehdfsqa ? (truc allemand, incompréhensible)
 - Euh... J'suis français moi monsieur...
 - Papiers du véhikul, s'il vous plait.

Et là, je me permets (t'façon j'fais ce que j'veux, c'est moi l'auteur de cette chose) de faire une coupure. Il se trouve qu'en fait, ma voiture était bien à moi (j'avais la carte grise à mon nom, etc) mais les plaques d'immatriculation, elles, étaient restées au nom de l'ancien propriétaire (ouais parce qu'elle venait pas du même département d'où j'habite et tout...) Donc, couac. Le monsieur teuton le remarque, j'essaye de lui expliquer tant bien que mal que oui, c'est vrai, mais que c'est juste une formalité (en France en tout cas).

Ah, la rigueur allemande.

Il ne l'entend pas de cette oreille, il me dit donc de me garer, et de sortir. Boon... Moi j'suis un diplomate, j'obéis. Et j'attends. J'attends parce qu'en même temps, d'autres gens sont contrôlés, et le temps qu'ils mettent à contrôler varie.

Bonbonbon.

Une madame policière s'approche, qui elle parle français, et qui me demande en gros "et pourquoi vous avez fait ça ?" Et blablabla...
Le policier, lui, me fait la totale, le menu maxi best of golden : controle d'alcolémie (parce qu'il trouvait mes pupilles "wide"... Laule.), contrôle de drogues aussi, où il fallait pisser dans une sorte de gobelet... Sauf que j'avais pas très envie (et puis devoir faire ça observé par deux allemands, moi ça me bloque), donc il a pas pu le faire. BAM ! Et au passage, il me dit que ce que j'ai fait, "c'est un criiiime". Et merde.
Et là, et làààà ! J'vois le policier et un autre plus vieux en train de décrocher mes plaques. La policière allemande me dit que "c'est dans la procédure, et que si on y arrive pas il faudra appeler quelqu'un de spécialisé, et là ça me coutera cheros) Booooon...

Après, le monsieur allemand me dit qu'il doit "m'emmener au commissariat pour me poser une question"... Là j'me dis "Mais pourquoi tu l'as pose pas là ta question, teubé va" mais j'reste diplomate, et j'accepte.

Être dans une voiture de police allemande, ça fait carrément "bad guy".

Alors bon, j'me retrouve au commissariat, pour la première fois de ma vie. Ça impressionne un peu, en fait.

Là, ils me demandent quand j'ai acheté ma voiture, mon nom/prénom, etc... Ils me demandent pourquoi je l'ai pas fait, je leur répond que ça m'était sorti de la tête, etc... Ils prennent donc mes "infractions" et ils me disent que comme je suis pas allemand ça va passer par un gars et je sais plus trop quoi... Bref. Je leur explique que bon, tout ça c'est bien gentil, mais moi j'peux pas trop revenir chez moi sans voiture aussi... (aha.) Alors ils me disent qu'un gars va venir me chercher dans une heure, direction Kehl (une ville frontalière, reliée à Strasbourg).

Et j'suis dehors.

Et vu que j'en ai un peu marre de tout ça, que je sais où ils m'ont arrêté et où je suis, je décide d'aller chercher ma voiture, à pied. J'essaye donc de suivre au maximum la route, et à un moment, j'arrive dans une foret. Et une foret, quand il est environ 20h en hiver, ça fait peur. C'est très obscur déjà, et tout plein de bruits se font entendre (principalement dans ton dos, Dame Nature est une lâche).

Et j'me perds.

Et la suite après (vouais parce que là, dodo, et puis, faut créer du suspens, du cliffhanger, du Lost).

Vivre à Strasbourg, c'est bien. Quand je fais des trucs en tout cas... Le week end arrive, joie pour certains, pas pour d'autres... Dont moi.

Bin ouais, vivre seul c'est bien mais quand on connait personne on s'ennuie vite. Là ça va etre pareil. Faut que j'me trouve des trucs à faire, deja hier, une heure en "roue libre" me déprimait, j'imagine pas avec deux jours... J'deviens trop sensible à la solitude j'crois. Ou peut etre que c'est la solitude face aux autres... J'sais pas.

Et puis, je sais pas me faire des amis, j'peux pas aller vers les gens, j'ai "peur". J'ai peur de pas mal de choses. Beaucoup trop de choses, je crois.

Enfin bon, on verra hein !

Ce soir, c'était la journée d'intégration de mon IUT. Et, comme tout le monde s'en doute deja, ce fut un truc moche. Résumons :

Le truc était programmé dans un bar, on pouvait y aller de 19h à 4h du matin. J'arrive vers 21h30, et j'vois tout plein de gens dehors. J'me dis que c'est cool, plus y a de monde et mieux c'est ! Je rentre, j'fais vite fait un tour pour voir les places dispos, et j'me met au bar.

Et ce pendant une heure.

Et pendant cette heure, rien.

J'regarde autour de moi, je cherche des gens seuls, personne. Booon. J'attends.

J'attends.

J'attends.

Non, en fait fallait venir en groupe j'crois. Là l'intégration aurait peut etre marché... Ou pas.

Bon, baaah... Attendons.

On m'offre de la pizza ! C'est pas grand chose, mais au moins j'suis pas totalement invisible. C'est bien.

Attente, encore.

Je crois vraiment que je sais pas me faire des amis/connaissances.

J'me casse. Comme j'suis venu, tout seul.

Cool.