Aha.

Vendredi 11 février 2011 à 21:25



Donc. Comment on fait maintenant ? Mise en situation : ma mère pleure, ma soeur pleure, et moi... Rien. C'est pas que ça me touche pas, mais j'ai déjà pleuré une fois et ça me suffit. Ça a duré jusqu'à maintenant. Je sais pas si ça veut dire que je l'aimais moins ou si je m'en suis remis mieux que les autres, mais au bout d'une semaine je pouvais passer à d'autres trucs. Bon, forcément "l'ombre" planait pendant un ou deux mois, mais ça allait.

Qu'est ce que j'dois dire de plus à propos de ça... ? J'ai été le plus "courageux" dans le sens où j'étais celui qui a réussi le premier à dire ce qui s'était passé sans s'effondrer en larmes comme faisaient ma mère/ma sœur, j'étais celui qui pleurait pas et qui pouvait en parler en toute quiétude, et ça a pas changé. Faut dire que tout petit déjà je me suis fait à l'idée que j'allais très certainement voir mourir mes parents, peut être que ça a aidé de savoir que c'est "le cercle de la vie"... Est ce que je dois regretter de pas avoir autant pleuré que ma mère/ma sœur ?

J'aurais juste aimé que ça arrive pas aussi tôt, et pas aussi subitement. 80 ans, ça me semblait mieux comme âge que 55.

Ah, oui, sachez que le moment le plus glauque de l'histoire, c'est pas la retranscription de comment il est mort, nan nan nan. Le moment le plus glauque c'est le passage aux pompes funèbres. J'ai laissé ma mère et ma soeur voir le cercueil qu'on allait prendre, je les ai laissées aussi participer au moment où on met le corps dans le cercueil, c'était un peu trop symbolique pour moi... La dernière vision que j'ai de lui, c'est comme s'il dormait. Je crois que comme dernière vision, le voir dans sa tombe, ça aurait été trop... Je sais pas vraiment comment dire. Mais je regrette pas de pas avoir assisté à ça.

Alors après forcément, ça fait un vide. Mais on s'habitue avec le temps... Il parait qu'on appelle ça l'absence.

Mercredi 9 février 2011 à 9:30



(là, faut s'imaginer un flashback de 2 ans en arrière. (pourquoi en arrière ? Un flashback c'est pas toujours en arrière ? (si mais ça s'appelle flashrewind et (rololo ta gueule.))))

Lundi 9/02/2009, 7h.

Comme à peu près tous les lundi au vendredi je me lève, avec la non envie d'aller en cours et la non envie d'aller prendre le bus, mais j'y vais quand même parce qu'il faut bien et parce que BTS, avenir, travail famille patrie etc. Pour être franc j'avais pas vraiment envie de revoir mes camarades que j'avais quitté le vendredi dernier. Le problème avec des classes avec QUE des garçons, c'est que c'est vite chiant. Et vas y que j'te montre MES trucs qui sont mieux que les tiens, et vas y que j'te papotte de filles que j'ai pécho en boite samedi, et le FOOT, et bla et bla. Quand c'est comme ça tout le temps, boarf.

8h10.

J'arrive au lycée et je parle pas trop (oui bon c'est le matin et j'avais pas trop l'envie de parler et C'EST LE MATIN) alors je parle peu. Aujourd'hui, 8h de physique appliquée, yeah. 4h de cours + 4h de TP, yeah. Nan mais j'aime bien les cours de physique, le prof il est cool. L'autre un peu moins par contre, il est un peu moins amical. Bref.

10h15.

Récré. En fait ça va mieux, j'ai reretrouvé les 3-4 personnes qui me font croire que tout n'est pas à jeter dans la classe et dans le sexe masculin dans sa globalité alors ça va. J'me sens bien.

12h15.

MANGEEEER ! Et v'la qu'on se coltine (moi et un gars trop classieux, un des rares qu'arrive à me faire rire rien qu'en le voyant et non, ça veut pas sous entendre qu'il est très moche) Pierre et Christopher. Pierre et Christopher ils sont sympas... Mais à court terme. À la longue ils sont chiants comme la pluie. C'est vrai qu'entre un keupon et un "metalleux", faut pas en demander beaucoup... C'est le genre de gars qu'écoutent Légion 88 parce que "ah ah olol c'est drôle" Mouais. Ah et y a Julien aussi. Julien c'est le gars sans personnalité un peu con sur les bords et sur le fond aussi, qui sait pas trop quoi faire pour éviter la solitude alors il copie les autres. Et bé. Comment on veut que j'aie envie d'aller en cours avec des gens comme ça moi après ?

13h30.

On repart en cours, on s'installe dans les splendides algecos qu'on a spécialement aménagés et dont on a aidé au déménagement... On est vraiment beaucoup trop sympas. J'me met donc à coté de mon binôme, Ludovic, avec qui j'ai déjà eu mouuuuuuult fous rires. Bref.

14h.

On frappe à l'algeco, on (un élève quoi)  ouvre. Y a le gars là, qu'on voyait parfois (qu'on appellera Luc par raison totalement arbitraire) qui se pointe et qui demande à voir les profs. Ouuuais. Les profs sont dans la salle à coté alors il y va, et là, j'aperçois un gars qui ressemble à mon beau frère (bon ils sont pas mariés mais on va faire que oui comme ça ça sera plus simple à mettre que "le géniteur de ma nièce"), et en fait, plus je le regarde, plus j'trouve qu'il lui ressemble. Ah ba, c'est lui en fait.

Ah.

Ma sœur devait se faire opérer d'un truc le jour de mon anniversaire, on est une semaine après, il lui est arrivé un truc ? Le questionnement s'installe. Et si la police des divx elle m'avait repéré et qu'ils ont fait un procès contre ma face ? Rah ouais, non pas possible ça. Quoique... Ouais non il a du arriver un truc à ma sœur.

Le gars là, le Luc, il revient, vient à ma table et me dit : "Tu peux t'en aller." Euh... Ouais... Alors je commence à me lever, et il me dit "ouais nan mais tu peux prendre tes affaires aussi."  Euuuuh... Ou-lo-lo. Je dis à mon binôme que ok, si c'est une camera cachée ils ont VRAIMENT réussi à m'inquiéter là. Alors je prends mon sac et mon manteau, et je vais vers la porte et y rejoins mon beau frère qui attendait là. En fermant la porte derrière nous, Luc lui dit : "Bon ba euh, bonne chance hein !". "O BOURDAIL MAIS SAIKOI SBORDEL DE CONNERIES D'CONS ENCORE ?" que j'me dis intérieurement. Et là y a dialogue moi/beauf :

"- Bon euh qu'est ce qu'il y a ?
- Bon. J'vais pas y aller par quatre chemins, j'suis venu parce que ton père a fait un malaise, comme avant (ndemoi : ouais, il avait deja fait un infarctus avant) et euh...
- ...
- Il nous a quittés."

Attachez vos ceintures messieurs dames, la claque mentale est là.

Je me souviens que ça m'avait fait un tel choc dans ma tête que j'ai fait un pas en arrière avant de pleurer.

Alors, comme tout le monde dans ces cas là, j'ai demandé comment c'était arrivé. Accroche toi lectorat, ce soir j'ai aucune pudeur et je vais te raconter la mort de mon paternaute parce que je sais ce que tu veux toi, vil curieux.

(flashback dans le flashback, 'tention j'me lance dans des trucs complexes littéraires et tout tavu)

8h.

Mon père se barre de chez nous pour aller travailler.

8h30.

Mon père appelle a mère qui elle ne répond pas (ouais ma mère garde des gosses et elle l'avait pas pris en allant les accompagner à l'école)

8h50 (environ).

Mon père demande à pouvoir partir pour aller dans une pharmacie (je suppose) et, surement vu son état, on lui accorde. Mon père part donc seul faire le court trajet travail - pharmacie. Arrivé là, il sort de sa voiture sans fermer sa portière, et, essoufflé, il se colle au mur de la pharmacie. La femme de ménage qui passait par là et voyant son état le fait rentrer et appelle le pharmacien. Celui ci le met en position latérale de sécurité et appelle les pompiers,  mon père se met alors à cracher du sang... Les pompiers arrivent 5 minutes après, et constatent qu'il n'a plus de pouls. Ils ont passé 40 minutes à le réanimer, sans succès...

Lundi 09/02/2009, 9h30, une semaine après mes 21 ans : décès d'Antonio Camano, mon père.
 

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